Entretien exclusif avec le directeur général de Région Sud Investissement, Pierre Joubert sur un fond d’investissement créé en 2011 et qui s’adresse à toutes les PME de la Région Sud en amorçage de développement.
Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce nouveau fond (Qu’est-ce qui a motivé sa création, quels constats ou besoins y ont mené) ?
REGON SUD INVESTISSEMENT a été créée en 2011.
C’était la première société d’investissement en France avec un actionnariat 100% région. SAS 100% publique, elle intervient dans les PME de la région SUD en co investissement et en minoritaire. Elle finance uniquement les phases risquées de la vie de l’entreprise, là où le secteur privé est défaillant. Son objectif est d’avoir un effet de levier incitatif pour faciliter le co-financement
en capital.
En 2011, lors du lancement du 1er dispositif, l’objectif était de permettre aux sociétés en amorçage de se développer. La stratégie était donc extrêmement risquée.
Ce premier véhicule de financement a duré 5 ans. Il était doté de 24M€ (50% région et 50 % de fonds européen Feder).
Il n’était pas très connu, à part localement et les co- investisseurs privés étaient souvent locaux (régionaux). Aujourd’hui, le 5eme du dispositif concerne les PME à différents stades (de la création au capital développement) à condition qu’elle respecte les accords de Paris.

Pierre JOUBERT, directeur général de Région Sud Investissement
En quoi ce nouveau fonds se différencie-t
il de vos précédents ? (Innovations, stratégie
d’investissement, impacts.)
La stratégie d’investissement reste la création de valeur par l’innovation sur les phases très risquées (amorçage, capital-risque)
Les interventions peuvent être élargies sur le capital développement, quand la rentabilité (EBITDA) est atteinte avec des sociétés qui ont fait la preuve que leur modèle d’exploitation est pertinent. Par contre, toutes les sociétés font l’objet d’une étude préalable quant à
leur éligibilité vis-à-vis des accords de Paris. Soit la grille d’analyse (4 paramètres) est positive et il n’y a pas de problème. Soit elle sort « neutre » et alors, il faut que le projet repose sur une évolution vertueuse de l’impact environnemental.
Quel impact attendez-vous sur la région que vous couvrez (Développement économique, emploi, innovation, attractivité) ?
L’impact est bien sûr le développement économique mais pas à n’importe quel prix. Il faut que l’entreprise respecte un modèle durable que nous suivrons tout au long de notre participation.
Comment ce fonds s’inscrit-il dans le contexte
économique actuel (Adaptation aux enjeux
économiques et financiers, contexte post-pandémie, transition écologique) ?
Le modèle repose sur la transition écologique et le modèle de fonds patient nous permet d’envisager une réussite de cette stratégie. Après avoir benchmarké ce
Quels sont les objectifs principaux de ce nouveau fond (À court, moyen et long terme) ?
RSI a déjà lancé 4 dispositifs pour accroitre le capital des PME régionales : amorçage, capital-risque, capital développement, phase de difficulté conjoncturelle après le covid, transition énergétique et environnementale.
Le nouveau dispositif qui sera lancé le 1er janvier 2025 (co-financement Feder/Région) devrait permettre d’accélérer les prises de participations dans les PME à condition qu’elles respectent la feuille de route de la région à savoir : le respect des accords de Paris.
Les dispositifs RSI étant « evergreen » ou patients, ils peuvent être suivis, comme les entreprises, sur du long terme.
Quelles sont les entreprises ou projets ciblés par ce fond (Types d’entreprises, secteurs d’activité, tailles, localisations) ?
RSI ne finance que les PME au sens européen du terme (moins de 250 personnes, 43 M€ de bilan ou 50 M€ de CA). Elle intervient sur tous les secteurs d’activité, notamment les secteurs industriels.
Quel est le montant total du fond et comment est il structuré (Sources de financement, partenariats éventuels, organisation) ?
Le dispositif est doté de 53,3 M€ sur 5 ans issus pour 60% du Feder et de 40 % d’un mix (Région et roll over RSI). Ce roll over est d’ailleurs le modèle de la SAS.
Chaque euro récupéré est réinjecté dans l’économie locale à travers nos dispositifs.
qui se faisait, les nombreux indicateurs proposés par des fonds, différents de ceux de la CSRD, nous avons choisi de « faire simple » et de ne suivre qu’un seul indicateur, propre à chaque entreprise et quantifiable. Ce suivi donnera lieu à un rapport annuel qui devra montrer les progrès réalisés dans l’intérêt de tout le monde, entreprise et territoire ; Il nous faut parvenir à trouver un modèle vertueux pour l’environnement sans que cela soit au détriment de l’activité économique.
Quels sont les critères d’éligibilité pour bénéficier de fonds (Critères environnementaux, etc.) ?
Les critères d’éligibilité reposent sur l’impact économique (viabilité, création de valeur) et environnemental (Bilan énergétique, bilan carbone, économie circulaire, biodiversité, économie des ressources etc…)

Comment allez-vous mesurer le succès et l’impact de ce fonds ? (Indicateurs clés de performance, objectifs qualitatifs et quantitatifs.)
Comme expliqué précédemment, la phase de due diligence avant l’investissement permettra de ressortir un indicateur pertinent pour l’entreprise à suivre. Il fera l’objet d’un suivi annuel, sous forme d’un rapport, identifié dès le pacte d’actionnaire.
Comment ce fonds s’intègre-t-il dans votre vision à long terme en tant que fonds d’investissement institutionnel (Stratégie globale, contributions au développement durable, pérennité) ?
Le modèle de RSI fonctionne en grande partie sur la récupération des fonds précédents. Comme RSI prend plus de risque que les fonds privés (plus de dossiers). La SAS doit trouver un équilibre dans son portefeuille d’investissement entre les enjeux et les risques.
L’objectif étant toujours de favoriser l’effet de levier et que le même euro public serve une multitude de fois pour favoriser le développement économique du territoire.